Situé au sud de Lodève, à 50 kms à l'ouest de Montpellier, le bassin du Salagou est à la croisée de quatre régions géologiques (les Cévennes, les causses, la Montagne Noire et les garrigues languedociennes) et de trois climats (méditerranéen, océanique et montagnard).
Au-delà de la beauté des paysages illustrée dans ce livre, c'est une exceptionnelle leçon de géologie vivante qui nous est proposée autour du lac du Salagou, avec un concentré des phénomènes d'érosion et de mouvements de l'écorce terrestre les plus spectaculaires. Peu de régions françaises offrent une telle diversité et un tel enchevêtrement de phénomènes géologiques aussi remarquables.
Le bassin du Salagou est caractérisé par sa couleur rouge due à la présence d'oxydes de fer. L'origine de cette roche appelée "ruffe" (de rufus : rouge), remonte à l'époque permienne (fin de l'ère primaire, entre 280 et 225 millions d'années). Elle consiste en une épaisse couche de sédiments argileux ou gréseux qui se sont déposés par séquences régulières, correspondant à des phases d'assèchement ou d'envahissement lagunaires.
Elles en ont conservé des craquelures de dessication, ainsi que des empreintes de reptiles, dont les plus spectaculaires sont visibles près de la Lieude, un hameau à l'ouest de Salasc.
Les volcans de l'Escandorgue ont recouvert de lave la majeure partie des ruffes, offrant de superbes orgues basaltiques, quelques cheminées volcaniques et de suprenantes incrustations dans les fissures de la roche rouge : les necks et les dykes.
Parfois, comme aux alentours de Liausson, se retrouvent côte à côte des calcaires blancs, des ruffes rouges et des basaltes noirs.
C'est à la fin des années 50 que naquit le projet de construction d'un barrage sur le ruisseau du Salagou. Face à la surproduction du vignoble, l'idée était alors d'irriguer la vallée pour procéder à une profonde reconversion agricole, notamment en cultures fruiitières, tout en réduisant parallèlement l'ampleur des crues du fleuve Hérault.
Les travaux, commencés en 1964, s'achevèrent en 1969 avec la mise en eau du lac. Mais, parallèlement, les autres programmes de reconversion déjà réalisés dans d'autres régions du sud de la France (Gard, Val de la Durance...) avaient engendré une surproduction qui avait fait chuter les cours : aussi le programme initial de diversification agricole du Salagou ne vit jamais le jour.
Aujourd'hui, alors que la viticulture régionale a choisi la voie de la qualité, le lac du Salagou s'impose à nous comme l'un des sites les plus fascinants du sud de la France. L'un de ceux qui offrent au photographe des champs d'investigation infinis, et dont une vie ne suffirait pas à percer tous les secrets.
(à suivre...)