Les éditions du Pommier rééditent, après un siècle de disparition, les Scènes de la nature, récit par Audubon de ses aventures sur la Frontière américaine. Édition dans les saveurs de la
traduction de 1857, six ans après la mort de l'auteur, imprimée avec des encres végétales, sur papier fabriqué à partir de matériaux recyclés et de bois provenant de forêts gérées durablement.
Dans une collection, Les Pionniers de l'Écologie, qui convient parfaitement à Audubon, précurseur du combat écologique et de la protection de la nature.
Plus d'informations sur le site de l'éditeur :
www.editions-lepommier.fr/scenes-de-la-nature
Enthousiasmé par la richesse et l'extraordinaire diversité de la flore et de la faune du Nouveau-Monde, Jean-Jacques Audubon conçoit le projet absolument démesuré d'observer, de peindre, de décrire tous les oiseaux d'Amérique. Il y parviendra ! Après trente ans de voyages et de pérégrinations, il publie les Oiseaux d'Amérique du Nord : 435 immenses aquarelles d'une exceptionnelle qualité artistique et naturaliste et les Bird Biographies : 500 descriptions d'oiseaux.
Témoin consterné des premiers massacres et de la raréfaction des oiseaux, il tente vainement d'y sensibiliser ses contemporains. Aujourd'hui, huit des espèces représentées par Audubon ont disparu, quatorze autres sont gravement menacées.
Le livre dresse les portraits de ces vingt-deux oiseaux sous une forme inédite : aquarelles et textes d'Audubon, commentaires d'Henri Gourdin et d'Alain Joveniaux sur l'histoire de la disparition des oiseaux ou de leur difficile survie. Une leçon d'écologie et un hymne à la beauté de la nature.
160 pages, format 25 x 34 cm, 49 euros.
Paru le 18 septembre 2008 aux éditions de La Martinière
Henri Gourdin avait déjà publié chez Actes Sud les biographies d'Olivier
de Serres et de Jean-Jacques Audubon.
Avec le grand pingouin, rencontré justement sur les planches et dans les pages d'Audubon, il sort le genre biographique du genre humain
pour l'appliquer à un être d'exception, injustement méconnu.
Le grand pingouin ne passait pas inaperçu : grand, massif, excellent plongeur et d'une longévité exceptionnelle, il arborait en avant de l'½il, de part et d'autre d'un bec immense creusé de longs sillons, une grande tache blanche qui prenait au printemps un éclat très lumineux. Fidèle à son conjoint et à son lieu de naissance, parent attentif, voyageur au long cours, il passait son existence en mer, ne revenant à son rocher natal que pour pondre et élever son jeune. Attesté sur les côtes européennes de - 500.000 aux années 1830, sur les côtes françaises de - 16.500 aux années 1800, il a disparu de l'univers, exterminé en moins de deux siècles, après des centaines de milliers et probablement des millions d'années d'une existence paisible.
Au terme d'une enquête minutieuse, Henri Gourdin et son équipe reconstituent l'existence mouvementée d'un oiseau mythique, premier et à ce jour seul oiseau disparu d'Europe continentale aux temps historiques.
The Great Auk disappeared from the planet after several million years of peaceful existence. Together, fishermen and European collectors whittled down the population to the very last in less than two hundred years. The Great Auk was however a remarkable creature. This book tells its tale.
Before the "penguin" became the penguin, the term was used to describe the Great Auk. The original penguin - Pinguinus impennis - was not from the south but a resident of the Arctic. It may have appeared very similar to today's penguin but it was genetically very different. The Great Auk belonged to the Alcidae, while modern penguin belongs to the Spheniscidae family. They could have been twins but share no family relation; they were born on opposite poles of the globe, where they had to adapt to similar constraints. Their destinies have been equally contrasting. The penguin in the southern hemisphere attracts thousands of naturalists, writers, photographers, film-makers and tourists every year. The razorbill - Alca torda - is in decline, under threat from oil slicks and new fishing techniques, but is still present in the North Atlantic. The Great Auk however, the subject of this book, disappeared from the planet after millions of years of existence, eliminated by fishermen and European collectors, in the space of two hundred years.
The Great Auk was a remarkable creature, a great powerful and sociable bird, a good swimmer and diver, with a beautiful white mark in front of its eyes and a huge grooved beak. It spent most of its life in the waters of the Atlantic, only seeking out land to lay and raise its young. During its evolution it managed to develop unique adaptation strategies: the ideal form for swimming and diving, and exceptionally efficient thermal protection. It had no predator on the rocks where it nested, and no competitor in the depths where it sought food.
This work tells the story of this rare bird, which survived 200 million years, but today is no more. It describes the characteristics of the species and its evolution, its way of life and its sociability, its habitat, its cohabitation with man, the causes of its demise and extinction in the middle of the 19th century, and its posthumous fame.
En 1968, le regretté Paul Géroudet signait dans le n° 4 du Courrier de la Nature, l'illustre magazine de la célèbre SNPN - Société nationale (française) de Protection de la Nature - un article intitulé : « Une lueur d'espoir pour le Pic à bec d'ivoire ? ». En novembre 2005, le Courrier relayait la rumeur de réapparition de l'espèce dans une forêt de l'Arkansas, sous un titre plus tranché : « L'espoir renaît pour le pic à bec d'ivoire ». Dans son numéro 235 à paraître en septembre 2007, le Courrier publiera un article d'Alain Joveniaux et Henri Gourdin sur cette grave question et plus généralement sur la problématique de la disparition des oiseaux sous les coups de la « civilisation ».
Lire un extrait en avant-première : Le Pic à Bec ivoire : mort ou vif ?
Le Nouveau Monde est le terme qu'employaient les Européens pour désigner l'Amérique, et plus particulièrement le continent nord-américain, depuis sa découverte par Christophe Colomb en 1492 jusqu'à sa destruction presque systématique par la Conquête de l'Ouest dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle.
Le Nouveau Monde, c'est aussi un mythe, celui du dernier continent inviolé, de la nature vierge, du paradis avant la faute, de « l'homme naturel » selon Jean-Jacques Rousseau, dont les Anglais en 1826, les Parisiens en 1828 purent observer un spécimen vivant, en la personne de... Jean-Jacques Audubon (lire ma biographie d'Audubon chez Actes Sud)
C'est aussi le titre de la version française du dernier film de Terrence Malick, évocation romancée de l'idylle fameuse entre le capitaine Smith, envoyé de Sa Majesté le roi d'Angleterre et Pocahontas, la fille légendairement belle, d'un chef indien. C'était dans les années 1600, sur les rivages de l'actuelle Virginie.
Outre la magnifique chevelure et les jambes inoubliables de Pocahontas, le film nous donne à voir, en gros plan, une curiosité naturaliste : deux exemplaires vivants de feu la Perruche des Carolines, espèce décrite et figurée dans sa splendeur par Jean-Jacques Audubon et disparue depuis. Le réalisateur a confessé sa faute : il a autorisé ses maquilleuses à exercer leurs talents sur des perruches communes pour leur donner les couleurs caractéristiques (à dominantes vertes et rouges) de la regrettée Perruche des Carolines.
« Les perruches se meuvent avec aisance sur les arbres et plusieurs types de plantes, se déplaçant latéralement, grimpant ou se suspendant dans toutes les postures possibles, s'aidant de leur bec avec dextérité dans tous leurs mouvements. Elles se posent ordinairement ensemble et à proximité les unes des autres. J'ai vu des branches complètement couvertes par des perruches se tenant dans toutes les positions possibles. Si je les approchais avant qu'elles commencent leurs déprédations, elles semblaient méfiantes, émettaient un simple cri, s'envolaient toutes ensemble et ne revenaient pas du reste de la journée. Quand un chasseur tire et en blesse une, ses cris attirent toute la bande et le même homme peut en tuer autant qu'il veut. » (Jean-Jacques Audubon, Bird Biographies. La perruche des Carolines. Traduction Henri Gourdin)
Les yankees ne s'étant pas privés de tuer autant de perruches qu'ils voulaient, celles-ci ont disparu en quelques années du ciel de l'ex-Nouveau Monde, les USA d'aujourd'hui. Le dernier représentant de l'espèce est mort en captivité au Zoo de Cincinnati, en 1916.
Image : La Perruche des Carolines par Audubon (détail)
Plus personne en France ni plus généralement dans la francophonie, depuis le samedi 18 mars à 13h22, n'ignore l'existence des grandes planches d'Audubon. Elles sont passées en effet (du moins trois d'entre elles, sur un total de 435) au Journal Télévisé de TF1. Comment ? Eh bien dans le cadre d'un reportage sur la Bibliothèque de l'Institut de France. Au moment de citer et d'ouvrir devant les caméras une et une seule perle de ses collections, Mireille Pastoureau, conservatrice des lieux et de leur contenu, choisit naturellement de sortir les grands albums des Oiseaux d'Amérique.
Sortir ou plus exactement de faire sortir, car il faut deux appariteurs pour manipuler chacun des cinq grands albums qui constituent la collection de l'Institut. Je l'ai constaté moi-même en 1998 où, ayant fait valoir ma qualité de premier biographe d'Audubon en France (les biographes américains sont à peu prés innombrables), je fus autorisé, par Mme Pastoureau déjà, à consulter son joyau. Cette scène s'est gravée dans ma mémoire. Deux employés en cache-poussière réglementaire s'avançant parmi les rayonnages séculaires du Quai Conti vers l'immense table qui m'était réservée, juste devant le bureau des conservateurs, cela ne s'oublie pas. D'autant moins dans mon cas que je venais de manipuler, de palper, de humer des autographes de la correspondance entre mon ami Audubon et Georges Cuvier, le très célèbre secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences (l'Hubert Reeves ou plutôt le Nicolas Hulot de l'époque).
Audubon a fait reproduire ses grandes planches de son vivant et a vendu les copies (environ 200 collections) à des souscripteurs. Beaucoup d'éloges, écrit-il à sa femme à son départ de Paris... et seulement quatorze souscriptions en France.
De ces quatorze collections, trois sont complètes et localisées, celles de la Bibliothèque Nationale, du Muséum national des Sciences naturelles de Paris et de la Bibliothèque de l'Institut de France (voir ci-dessus : Audubon invité de TF1).
Du moins était-ce le cas jusqu'en mars 2006. Car le trois est devenu quatre ! La bibliothèque municipale de Besançon a « découvert » en effet, dans ses collections, une série complète des Oiseaux d'Amérique à peu près inconnue, très peu consultée donc, et par conséquent dans un état de fraîcheur incomparable. Plus précisément, les conservateurs avaient connaissance de la présence de ces grands albums dans leur fond, mais ils n'en mesuraient pas l'importance. La lumière est venue de Suisse, en la personne de M Schlup, spécialiste des livres ornithologiques anciens et, directeur de la bibliothèque de Neuchâtel, ville jumelle de Besançon.
Détails à suivre...
La première présentation de l'exposition "les Oiseaux d'Amérique de Jean-Jacques Audubon" est ici présentée dans sa version réduite : 10 planches grandeur nature et 20 reproductions au 1/3.
Renseignements : Écomusée de la Crau - 13310 Saint-Martin-de-Crau - Tél : 04 90 47 02 01