> LIENS     > CONTACT

Jean-Jacques Audubon, les oiseaux d'Amérique


Oiseaux disparus

Le cas français

La France métropolitaine, Corse comprise, a perdu au moins cinq oiseaux en moins de deux siècles : la grande outarde - Otis tarda -, très répandue sous l'Ancien Régime en Champagne et en Vendée, abondante encore autour de Châlons-sur-Marne au début du dix-neuvième siècle, la sterne caspienne - Sterna caspia - nicheuse en Corse dans la première moitié du dix-neuvième siècle, l'aigle pomarin - Aquila pomarina - disparu de Lorraine au dix-neuvième siècle, l'érismature à tête blanche - Oxyura leucocephala -, espèce menacée au niveau mondial (moins de 20 000 couples à la fin du vingtième siècle), éliminée de Corse dans les années 1960, et l'illustre pyrargue à tête blanche - Haliaetus albicilla -, extirpé définitivement de France continentale en 1943, de Corse en 1959. Toujours en France métropolitaine, sur cent espèces suivies régulièrement, vingt-deux sont en déclin dont une dizaine en déclin continu depuis trente ans : l'aigle de Bonelli, nos deux butors, nos râles, l'outarde canepetière, les alcidés en général et quelques anatidés nicheurs.

Audubon : passenger pigeon

Le Pigeon migrateur, par Audubon

Les oiseaux disparus de J-J Audubon

Spectaculaire et presque emblématique, la destruction jusqu'au dernier du pigeon migrateur n'est pas un cas unique. Sur les cinq cents espèces et sous-espèces recensées en Amérique du Nord au début de la Conquête de l'Ouest, huit ont disparu en effet , une dizaine sont en voie d'extinction avancée, quatre-vingt-dix autres sérieusement menacées, deux cents de plus en déclin caractérisé. Au train où vont les choses, on peut penser qu'une vingtaine d'espèces et de sous-espèces seront éteintes avant 2050, deux siècles après la première disparition recensée. Vingt espèces en deux siècles pour la seule Amérique du Nord, cela fait cinquante fois le taux d'extinction « naturel », observé avant l'arrivée des Européens. Quant aux conditions d'existence des survivants, elles ne sont plus ce qu'elles étaient, c'est bien le moins qu'on puisse en dire.

L'importance du phénomène m'a donné l'envie d'en savoir plus et j'ai mené l'enquête avec Alain Joveniaux, ornithologue, spécialiste des oiseaux américains. Aujourd'hui, dix ans de patientes recherches plus tard, le constat est plus accablant que nous ne pouvions le craindre. Le monde vivant a perdu là effectivement huit espèces et deux sous-espèces, et la manière est plus alarmante que le fait. Car ces extinctions affectent des espèces qui vivaient tranquilles en Amérique depuis des dizaines de milliers et parfois des millions d'années, qui y étaient très abondantes, dont les populations se sont effondrées en quelques années. Le cas du pigeon migrateur n'est donc pas unique. Et, sauf un changement d'éthique que rien n'annonce, tout indique qu'il est appelé à se reproduire, en Amérique et ailleurs dans le monde.

A moins que l'exemple américain ne nous serve de leçon.

Henri Gourdin

Voir le livre d'Henri Gourdin : Les oiseaux disparus de J-J Audubon

Les huit espèces disparues

Ces huit oiseaux, qui ont été représentés par Jean-Jacques Audubon, feront chacun l'objet d'un article.